Aller-Retour Gauli hütte

On a des photos : impossible de les télécharger …

Thierry Duffar, Bernadette Jalifier, Massimo Zendri, Ricardo Garcia, Lidija Honzak

Dimanche 23 mai : on vote puis Massimo passe nous prendre et direction la Suisse, où nous avons réservé un petit hotel très bien et pas cher à Fiesh, au fond du Valais. Michel et Lidija nous rejoignent depuis Milan, via le Simplon, vers 18h00. Entre-temps on apprend que Ricardo a oublié son pantalon à Genève. Compte tenu d’une météo inquiétante, il lui est fortement conseillé de s’en acheter un et de nous rejoindre le lendemain du côté nord du Grimsel Pass.

Lundi  24 : la route du Grimsel pass est ouverte-fermée. Après négociation avec le planton de service (c’est comme ça qu’il n’y a pas de chômage en Suisse) il nous autorise à monter les sacs et des passagers au bout de la route, sous réserve de redescendre les voitures et de ne pas remonter à pied en passant sous son nez : la route est interdite aux piétons. Il nous indique obligeamment un sentier détourné pour que les chauffeurs puissent quand même remonter. On marche un tout petit peu et on chausse vers 1800m. Remontée d’un jolie couloir bien raide à gauche de la route, qui même tout droit au col. Redescente côté nord, avec un peu de portage à la fin car la route des barrages a été déneigée. On retrouve Ricardo, vêtu d’un pantalon, au dessus du parking sous le barrage du bas. Montée à Bächlitalhütte.

RäterichsBodenSee

BachlitalHütte

Mardi 25 : on rejoint Gaulihütte par l’Obribächlilicken, seul accès possible à ce refuge en hiver car le sentier d’été, qui serpente dans des barres rocheuses, est ravagé en permanence par des avalanches. Cette brèche est équipée d’échelles d’un côté et de chaînes de l’autre, qu’il faut déneiger tout du long. L’étape est longue : l’itinéraire vers le refuge Gauli est complexe, avec des montées, des descentes, des remontées, etc. dans une multitude de vallonnements.

Obri BächliLicken

Obri BächliLicken

Mercredi 26 : Montée au glacier de l’Handelgletscherhorn. Il y a surtout du brouillard, le relief est toujours aussi complexe, on se perd puis on se retrouve et on monte à la pointe 2850m. Il commence à neiger.

Jeudi 27 : il neige plus ou moins, il y a du brouillard. On rejoint le Gauli Gletscher qu’on suit jusque sous le Rosenegg. Arrêt à 3200m, pour cause de plaques d’un côté et de crevasses de l’autre. Au passage on a pu admirer l’hélice de l’avion américain qui s’est échoué sur le glacier en 1946 : l’histoire du sauvetage, épique, est racontée en long et en large dans divers documents au refuge. L’hélice est ressortie il y a quelques années et a été hissée sur la moraine. L’avion est maintenant à moitié émergé en bas du glacier mais le brouillard nous a empêché de le voir.

Vendredi 28 : tempête de neige, les quantités deviennent importantes et il y a du vent … ceux qui ont suivi se souviennent que la seule façon de sortir de là, c’est par le haut. Et la météo est à la neige pour dimanche et au très mauvais pour lundi. Si on veut être au boulot mardi, faut passer demain … pour l’instant on reste au refuge où la guitare et les chanteurs tentent de faire oublier l’angoisse qui monte proportionnellement à l’épaisseur de neige.

Samedi 29 : inondation au rez-de-chaussée du refuge mais ce n’est pas notre souci : d’après le nivotest (ou n’importe quelle méthode de réduction), on a tous les indicateurs au rouge :

– Chute de neige > 20 cm au cours des 3 derniers jours : OUI (en fait plus ou moins 70cm de fraîche)

– Transport de neige au cours des 3 derniers jours : OUI

– Température > 0°C : OUI (en fin de matinée, ça c’est bien réchauffé car il fait beau).

– Neige très profonde : OUI

– Manteau neigeux irrégulier : OUI

– Congères et corniches : OUI

– Avalanches survenues dans la journée : OUI (purges dans les faces raides et plaques à vent qui ont déclenché spontanément).

– Pentes supérieures à 35° : OUI (au dessus, au dessous et en plein passage).

Bon, on part quand même, on verra. La trace est exténuante. Les passages raides sont passés un skieur après l’autre mais la principale difficulté reste d’atteindre les chaînes, sous la brèche, car la pente y est très raide . Cependant elle est courte (une 30aine de m de dénivelé) et les purges-coulées tout autour n’ont pas fait partir de plaque. Tout le monde est mis à l’abri d’une éventuelle avalanche, les pelles et les sondes sont de sortie, à titre préventif, et Thierry s’emmitoufle dans sa capuche et attaque la trace, en marchant sur des œufs. Les premiers conversions passent bien, les suivantes aussi, et plus les rochers approchent moins il y a de danger. Ca coule un peu par-ci, un peu plus par-là, mais enfin ça tient. Vaché au piquet qui marque le début de la chaine, il saute dans tous les sens : ben non, décidément ça ne veut pas partir. Au sommet, on croise un groupe qui fait l’étape dans l’autre sens. L’autre côté ne présente pas de pente raide et en fait la neige est très différente, transformée et, arrivés au refuge, il semble bien qu’il a beaucoup moins neigé de ce côté ci. Le refuge n’est plus gardé mais il y a tout ce qui faut, même des œufs frais.

Dimanche 30 : il faut plutôt meilleur que prévu et on redescend pour abandonner Ricardo au-dessus de son parking : il lui faudra trois heures de pelletage pour réussir à déneiger sa voiture et atteindre une partie carrossable. On remonte au Grimsel Pass pour rejoindre les voitures côté Valais.

RäterichsBodenSee

GrimselSee

Moralité : il y a des jours où le diable ne veut décidément pas se laisser tenter …